moyen de converser avec lui dans cette langue ; mais le peuple, qui est persuadé qu’il les sait toutes, croyait qu’il parlait anglais. Le lama, qui était parfaitement instruit de tout ce qui concernait le pays des Mongols, la Kalmoukie, la Chine et les autres contrées voisines ou à l’est du Thibet, était extrêmement curieux de connaître la politique, les lois, les arts et les sciences, la forme de gouvernement, le commerce et l’état militaire de l’Europe. Bogle tâcha de le satisfaire sur tous ces points. Le lama ne connaissait que la Russie ; il avait une haute idée de ses richesses et de sa puissance ; il avait entendu parler de ses guerres et de ses succès contre l’empire de Roum (la Turquie). Beaucoup de sectateurs du lamisme, sujets de la Russie, vont au Thibet. Le czar a même envoyé plusieurs fois des lettres et des présens au lama. Bogle vit entre ses mains divers objets venant d’Europe, tels que des miniatures, des miroirs, de petits bijoux d’or, d’argent et d’acier anglais, qu’il avait reçus par cette voie ; entre autres une montre à répétition de Graham, qui, suivant l’expression des Thibétains, était morte pendant quelque temps.
On a vu plus haut que le voyage de Bogle au Thibet eut lieu à l’occasion d’une lettre que le Techou-lama avait écrite au gouverneur général du Bengale pour le solliciter de faire la paix avec le dèh ou deb-radja du Boutan. Voici cette lettre, dont le style, rempli de simplicité