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pour y accomplir des actes de dévotion ; ils y passaient deux et trois heures. Quand les prières étaient finies, l’empereur avait coutume de faire apporter une collation.

Le techou-lama passa plusieurs jours, soit dans le palais qu’il occupait, soit dans la maison du principal lama de Pékin, sans cesse occupé à donner sa bénédiction à toutes les classes des habitans ; cette cérémonie se prolongeait souvent jusque dans la nuit. L’empressement des fidèles était tel, qu’il n’y eut pas un seul habitant de la capitale et des environs qui ne se présentât.

Un événement inattendu plongea dans la consternation les amis du lama et les personnes de sa suite. Il fut attaqué de la petite vérole. Dès que l’empereur en fut instruit, il lui envoya ses médecins. Ils rapportèrent au monarque que la maladie du pontife était grave, et même dangereuse. Aussitôt il se rendit auprès du malade pour juger par lui-même de son état. « Il me reçut, dit ce prince, dans sa dépêche au dalaï-lama, avec cet air de contentement qui était naturel chez lui ; et si j’en avais jugé par les discours qu’il m’adressa, j’aurais pu croire qu’il jouissait de la meilleure santé. Cependant il en était tout autrement. Le venin de la petite vérole se manifestait déjà dans toutes les parties de son corps. Sa maladie fut déclarée incurable. Il changea tout à coup de demeure. Cette affligeante nouvelle me fut aussitôt apportée, et me causa la plus vive douleur. Le cœur navré de