Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/409

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en thibetain. Son discours me fut expliqué par mon interprète. Il m’apprenait que le techou-lama dormait ordinairement jusqu’à l’heure où nous avions été introduits ; mais que ce jour-là il s’était éveillé de grand matin, et qu’on n’avait pu le retenir au lit plus long-temps. Le jeune lama ne levait guère les yeux de dessus nous. Lorsque nos tasses étaient vides, il paraissait inquiet, renversait la tête en arrière, fronçait le sourcil, et, ne pouvant parler, faisait du bruit jusqu’à ce que l’on nous eût de nouveau versé du thé. Il prit du sucre dans une tasse d’or, et allongeant le bras, fit signe à ses domestiques de nous le donner.

» Quoique je fusse vis-à-vis d’un enfant, je fus obligé de lui parler, car on me dit que son incapacité à répondre ne devait pas me faire penser qu’il ne comprenait pas les discours qu’on lui adressait. Je lui dis donc en peu de mots que le gouverneur-général avait été saisi de douleur en apprenant la nouvelle de son décès arrivé à la Chine ; qu’il n’avait cessé de déplorer son absence de la terre jusqu’à ce que sa réapparition eut dissipé le nuage qui avait obscurci le bonheur de la nation thibetaine, et qu’alors il avait ressenti, s’il était possible, une joie plus vive que n’avait été son affliction ; qu’il désirait qu’il pût long-temps éclairer le monde par sa présence, et qu’il espérait que l’amitié qui avait autrefois subsisté entre eux, loin de diminuer, s’accroîtrait encore, et que le lama, en continuant à montrer de la bien-