Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/57

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répandue par arpens dans divers cantons, qui fournit une prodigieuse quantité de sel. La méthode qu’on emploie pour le recueillir est remarquable ; on rend d’abord la surface de la terre aussi unie qu’une glace, et on l’élève un peu en talus pour que l’eau ne s’y arrête pas. Quand le soleil a séché cette surface, et qu’elle paraît toute blanche des particules de sel qui s’y trouvent mêlées, on l’enlève, on la met en divers monceaux, qu’on bat soigneusement de tous les côtés, afin que la pluie puisse s’y imbiber ; ensuite on étend cette terre sur de grandes tables un peu inclinées, et qui ont des bords de quatre ou cinq doigts de hauteur ; on verse dessus de l’eau douce, qui, pénétrant partout, fond les parties de sel, et les entraîne avec elle dans un grand vase de terre, où elle tombe goutte à goutte par un petit canal fait exprès. Cette terre, ainsi épurée, se met de côté : au bout de quelque jours quand elle est sèche, on la réduit en poudre, et on la répand sur le terrain d’où elle a été tirée : elle n’y a pas demeuré huit jours, qu’il s’y mêle, comme auparavant, une infinité de particules de sel, qu’on en sépare encore par la même méthode.

Tandis que les hommes travaillent ainsi à la campagne, leurs femmes et leurs enfans s’occupent dans des huttes bâties sur le lieu même à faire bouillir les eaux salées dans de grandes chaudières de fer très-profondes, qui sont posées sur un fourneau de terre percé