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porter sur eux quelques grains de musc. Avec cet antidote, ils dorment tranquillement sur l’herbe après leur dîner.

Ce qui arriva au même missionnaire, en retournant à Pékin, semble confirmer que la chair des serpens est la principale nourriture de l’animal au musc. Ayant fait préparer pour son souper quelques parties de cet animal, il se trouva parmi les convives un Chinois qui haïssait les serpens jusqu’à se trouver mal lorsqu’on en parlait en sa présence. Comme il ignorait ce qui lui était présenté, le missionnaire se dispensa de lui en parler, et se fit au contraire un plaisir d’observer sa contenance. Le Chinois prit de la viande comme les autres, dans le dessein d’en manger ; mais à peine en eut-il mis un morceau dans sa bouche, qu’il sentit son estomac se soulever ; en un mot, il ne voulut plus toucher à ce mets, tandis que tous les autres en mangeaient de fort bon appétit.

Navarette nous apprend qu’il se trouve un grand nombre de ces animaux musqués dans les provinces de Chen-si et de Chan-si, où ils portent le nom de ché, et que, lorsqu’ils sont pressés par les chasseurs, ils grimpent sur les rochers, et mordent le petit sac musqué qui contient le musc, pour éviter le péril en détruisant leur trésor ; mais cette morsure leur cause la mort. Cette fable ressemble beaucoup à celle qu’on raconte de quelques autres animaux poursuivis par l’homme.