Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se trouvèrent fort près d’une petite île où ils mouillèrent avec beaucoup de difficulté, parce qu’on ne trouve, en général, que peu de fond dans toute cette mer. Lorsque le brouillard vint à se dissiper, ils furent surpris de se voir si près des côtes de la Chine, qu’ils distinguaient facilement sur le rivage des gens armés qui s’attendaient apparemment à profiter des débris du vaisseau ; mais, quoique la tempête augmentât sans cesse, ils passèrent toute la nuit et le jour suivant dans le même lieu, à la vue de ceux qui les observaient. Le troisième jour, ils s’aperçurent que la tempête les avait jetés à vingt lieues de leur route, et qu’ils voyaient encore l’île Formose. Ils passèrent entre cette île et le continent. Le temps était assez froid ; jusqu’au 15 il fut orageux et variable ; de sorte qu’ils ne firent pas beaucoup de route.

Cependant la violence continuelle de la mer avait endommagé leur vaisseau ; et la pluie, qui ne discontinuait pas, les empêchant de faire des observations, ils furent obligés d’amener toutes leurs voiles et de s’abandonner au gré des flots. Dans la nuit du 16, leur chaloupe et la plus grande partie de la galerie furent emportées par la fureur des vagues qui ébranlèrent le beaupré et la proue. Les rafales étaient si impétueuses et se succédaient de si près, qu’il était impossible de remédier à ces accidens. Enfin une lame qui déferla sur le pont, faillit emporter tous les matelots qui s’y trou-