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vaient, et jeta tant d’eau dans le bâtiment, que le capitaine s’écria qu’il fallait couper le mât sur-le-champ, et implorer le secours du ciel, parce qu’une ou deux lames de plus les noieraient infailliblement.

Ils étaient réduits à cette extrémité, lorsqu’au point du jour, celui qui veillait à l’avant, s’écria : Terre ! terre ! en assurant qu’on n’était éloigné du rivage que d’une portée de mousquet. C’était la pluie et l’épaisseur des ténèbres qui n’avaient pas permis de s’en apercevoir plus tôt. Il fut impossible de mouiller, parce qu’on ne trouva point de fond ; et tandis qu’on s’efforçait inutilement d’y parvenir, il se déclara une si grande voie d’eau, que tous ceux qui étaient à fond de cale furent noyés sans en avoir pu sortir. Quelques-uns de ceux qui étaient sur le pont, sautèrent dans la mer, les autres furent entraînés par les flots ; il y en eut quinze qui gagnèrent ensemble le rivage, la plupart nus et tout brisés. Ils se persuadèrent d’abord que tous les autres avaient péri ; mais, en grimpant sur les rochers, ils entendirent les voix de quelques-uns de leurs camarades qui poussaient des plaintes ; et le jour suivant, à force de crier et de chercher le long du rivage, ils en rassemblèrent plusieurs qui étaient dispersés sur le sable. De soixante-quatre, ils se trouvèrent réduits à trente-six, la plupart blessés dangereusement.

En cherchant les débris du vaisseau, ils découvrirent un de leurs compagnons pris entre