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dans leur navigation. Ils répondirent qu’ils étaient Hollandais, et qu’ils devaient se rendre à Nangasaki, au Japon. Le gouverneur leur déclara d’un signe de tête qu’il comprenait quelque chose à leur réponse ; après quoi il les fit passer en revue quatre à quatre ; et, leur ayant fait successivement la même question, il les fit conduire dans un édifice où l’oncle du roi, accusé d’avoir voulu ravir la couronne à son neveu avait été enfermé pour le reste de ses jours.

Aussitôt qu’ils furent tous entrés dans cette espèce de prison, elle fut entourée d’hommes armés. On leur donna chaque jour douze onces de riz par tête, et la même quantité de farine de froment, mais peu de chose de plus ; et tout ce qui leur fut offert était si mal préparé, qu’à peine pouvaient -ils y toucher. Ils se virent ainsi réduits à vivre de riz, de farine et de sel, avec de l’eau pour unique boisson. Le gouverneur, qui paraissait âgé d’environ soixante-dix ans, était un homme très-sensé et fort estimé à la cour. En les congédiant, il leur avait fait connaître par signes qu’il écrirait au roi pour savoir ses intentions à leur égard, mais que la réponse tarderait peut-être un peu, parce que la cour était éloignée de quatre-vingts lieues. Ils le prièrent de leur accorder quelquefois un peu de viande et d’autres sortes d’alimens, avec la permission de sortir chaque jour six à six pour prendre l’air et laver leur linge. Cette grâce ne leur fut pas refusée. Il