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leur fit l’honneur d’en appeler souvent quelques-uns, et de leur faire écrire quelque chose devant lui, soit en hollandais, soit dans sa propre langue. Ils commencèrent ainsi à pouvoir entendre quelques termes du pays. La satisfaction que cet honnête gouverneur paraissait prendre à s’entretenir avec eux, et même à leur procurer de petits agrémens, leur fit concevoir l’espérance de passer tôt ou tard au Japon. Il eut tant de soins de leurs malades, que, suivant l’auteur, ils furent mieux traités par ces idolâtres, qu’ils ne l’eussent été peut-être par des chrétiens.

Le 29 d’octobre, le secrétaire, le pilote et l’aide du chirurgien, furent conduits chez le gouverneur. Ils y trouvèrent un homme assis, qui avait une grande barbe rousse. « Pour qui prenez-vous cet homme ? » leur dit le gouverneur…. Ils répondirent qu’ils le croyaient Hollandais…. « Vous vous trompez, reprit-il en riant ; c’est un Coréen. » Après quelques autres discours, cet homme, qui avait gardé jusqu’alors le silence, leur demanda en hollandais qui ils étaient, et de quel pays. Ils satisfirent sa curiosité, en joignant à cette explication le récit de leur infortune. Aux mêmes questions, qu’ils lui firent à leur tour, il répondit que son nom était Jean Wettevri ; qu’il était natif de Ryp en Hollande, d’où il était parti eut 1626, à bord du vaisseau le Hollandais, en qualité de volontaire ; que l’année d’après, dans un voyage qu’il faisait au Japon sur la