Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/95

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frégate l’Ouderkeres, il avait été jeté par le vent sur la côte de Corée ; que, manquant d’eau et se trouvant commandé avec quelques autres pour en aller chercher à terre, il avait été pris, lui et deux de ses compagnons, qui avaient été tués à la guerre, il y avait dix-sept ou dix-huit ans, dans une invasion que les Tartares avaient faite en Corée ; qu’il était âgé de cinquante-huit ans, et que, faisant sa demeure dans la capitale du royaume, le roi lui avait donné la commission de venir s’informer qui ils étaient, et ce qui les avait amenés dans ses états. Il ajouta qu’il avait souvent demandé au roi la permission de passer au Japon, et que, pour toute réponse, ce prince lui avait assuré qu’il ne l’obtiendrait jamais, à moins qu’il n’eût des ailes pour y voler ; que l’usage du pays était d’y retenir les étrangers, mais qu’on ne les y laissait manquer de rien, et que l’habillement et la nourriture leur étaient fournis gratuitement pendant toute leur vie.

Ce discours ne pouvait être fort agréable aux Hollandais ; mais la joie de trouver un si bon interprète dissipa leur mélancolie. Cependant Wettevri avait tellement oublié la langue de son pays, qu’ils eurent d’abord quelque peine à l’entendre. Il eut besoin d’un mois entier pour rappeler ses idées. Le gouverneur fit prendre en forme toutes leurs dépositions, qu’il envoya fidèlement à la cour, et leur recommanda de ne pas s’affliger, parce que la réponse serait prompte ; d’un autre