l’orge au lieu de riz, et de la farine d’orge au lieu de farine de froment. Ils furent obligés de vendre leur orge pour en acheter d’autres alimens. Cette rigueur, et le chagrin de ne pas voir arriver d’ordres du roi pour les conduire à la cour, les fit penser à prendre la fuite au printemps. Après avoir délibéré long-temps sur les moyens de se saisir d’une barque dans l’obscurité de la nuit, six d’entre eux formèrent la résolution d’exécuter ce dessein vers la fin du mois d’avril. Mais le plus hardi, étant monté sur une muraille, pour s’assurer du lieu où était la barque, fut aperçu de quelque chiens qui, par leurs aboiemens, donnèrent l’alarme aux gardes.
Au commencement de mai, le pilote ayant eu la liberté de sortir avec cinq de ses compagnons, découvrit, en se promenant dans un petit village voisin de la ville, une barque assez bien équipée, qui n’avait personne pour la garder. Il chargea sur-le-champ un des cinq Hollandais de prendre un petit bateau et quelques planches courtes qu’il voyait sur le rivage ; ensuite il se rendit avec eux sur la barque, sans aucune précaution. Tandis qu’ils s’efforçaient de la dégager d’un petit banc de sable qui coupait le passage, quelques habitans observèrent leur dessein, et l’un d’entre eux courut jusque dans l’eau, avec un mousquet, pour les forcer de retourner au rivage. Mais ces menaces les effrayèrent peu, à l’exception d’un seul qui, n’ayant pu