Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/131

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des pétoncles, dont la matière intérieure était sélénitique, et qui étaient blanchâtres en dehors, je n’ai rien vu de remarquable en ce genre dans la Sibérie qu’une grosse corne d’ammon qui me fut donnée à Yeniséik par un colonel de Cosaques ; il me dit qu’elle avait été trouvée par un Cosaque du pays, sur la rive droite de l’Yéniséi, dans une montagne.

» La manière dont se fait la chasse des zibelines a quelques circonstances singulières. Il se forme ordinairement une société de dix à douze chasseurs qui partagent entre eux toutes les zibelines qu’ils prennent : avant de partir pour la chasse, ils font vœu d’offrir à l’église une certaine portion de leur butin : ils choisissent entre eux un chef à qui toute la compagnie est tenue d’obéir ; ce chef est appelé peredovschick, c’est-à-dire conducteur, et ils lui portent un si grand respect, qu’ils s’imposent eux-mêmes les lois les plus sévères pour ne point s’écarter de ses ordres. Quand quelqu’un manque à l’obéissance qu’il doit au conducteur, celui-ci le réprimande de paroles : il est même en droit de lui donner des coups de bâton, et ce châtiment se nomme, ainsi que la simple réprimande, une leçon ou tscheniè. Outre cette leçon, le réfractaire perd encore toutes les zibelines qu’il a prises. Il lui est défendu d’être assis en cercle avec les autres chasseurs pendant leurs repas ; il est obligé de se tenir debout, et de faire tout ce que les autres lui commandent. Il faut qu’il allume le poêle de la chambre