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deux verstes au-dessous de l’endroit où commence cette colonnade de montagnes, tant pour les voir de près que pour examiner la mine de fer qu’on y exploitait depuis un an pour la compagnie de Kamtschatka. Ces montagnes colonniformes font un spectacle aussi singulier que curieux. Depuis leur pied jusqu’à leur sommet, de grandes pièces de rochers s’élèvent les unes en forme de colonnes rondes, d’autres comme des cheminées carrées, d’autres encore comme de grands murs de pierre, de la hauteur de 50 à 75 pieds : on s’imaginerait voir les ruines d’une grande ville. Plus on en est éloigné, plus le coup d’œil est beau, parce que les blocs de rochers, placés les uns derrière les autres, prennent toutes sortes de formes, selon le point de vue d’où on les regarde. Les arbres qui se trouvent entre leurs intervalles augmentent encore la beauté du coup d’œil. Ces montagnes occupent une étendue de trente-cinq verstes ; elles diminuent par gradation, et se perdent enfin tout-à-fait. La pierre dont les colonnes sont formées est en partie de grès et de toutes sortes de couleurs, et en partie d’un marbre rouge agréablement varié. Enfin, à une certaine distance, ces montagnes pyramidales ou colonniformes, représentent exactement tout ce qui compose la perspective des villes, tours, clochers, péristyles et autres édifices. Entre les rochers, ainsi figurés en colonnes, on trouve épars un bon minerai de fer, et l’on voit au pied de la montagne, où commence la perspec-