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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/163

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endroits où l’on trouve de ces dents en si grande quantité, que non-seulement ils en font toutes sortes d’ustensiles, mais qu’ils en forment des amas considérables pour en faire des offrandes à leurs dieux ; en quoi ils ressemblent beaucoup aux Lapons qui font le même usage de leurs os de rennes. »

Gmelin, ayant fait beaucoup de recherches sur la chasse des rennes et sur celle des renards blancs et bleus, rapporte, sur la foi des chasseurs, que ceux-ci s’éloignent souvent de leurs habitations à la distance de quarante, de cinquante et de cent verstes, pourvu qu’ils aient quelque espérance de faire bonne chasse : ainsi ces sortes de chasses sont de vrais voyages. Dans l’hiver, où elles sont plus fréquentes, il s’élève quelquefois des tempêtes si furieuses, qu’on ne voit point devant soi les moindres traces de chemin, et qu’on est forcé de rester dans l’endroit où l’on se trouve jusqu’à ce que l’ouragan soit passé. Comme chaque chasseur est pourvu d’une petite tente qu’il porte partout, pour lui et pour son chien, il la dresse alors et se met à couvert des injures du temps. Aucun ne s’expose à ces longues traites sans avoir des vivres pour quelques jours ; et quand la tempête dure trop long-temps, ils diminuent chaque jour quelque chose de leur portion pour en prolonger la fin. Ces chasseurs sont encore munis chacun d’une boussole, pour pouvoir retrouver leur chemin quand les ouragans en ont confondu les traces. Quand les