Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/170

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parente au milieu comme le mica, ou verre de Moscovie. Dans le même temps on entendit retentir l’air d’un sifflement et d’un bruit affreux : un épais tourbillon de poussière répandit une telle obscurité, qu’on ne voyait pas devant soi. L’ouragan ne dura pas plus d’un demi-quart d’heure ; mais il fit dans ce peu de temps les plus grands ravages. Un petit bois, d’environ cent brasses de largeur, fut entièrement rasé ; le vent en avait déraciné tous les arbres : de gros mélèses très-sains et très-hauts avaient été enlevés de terre, et portés, les uns à la distance d’une verste, d’autres plus loin, et d’autres à un tel éloignement, qu’on n’a jamais pu les retrouver. Deux acres de terre, qu’un Cosaque avait ensemencés de seigles, furent couverts des arbres que le vent y avait jetés. On remarqua que les seuls arbres que l’ouragan avait épargnés étaient des arbres faibles et pouris qui se trouvaient au milieu des autres. Personne ne put observer ce qui se passa pendant l’orage, ni la direction que suivait le vent, parce que chacun était rentré chez soi, et qu’on se cachait même sous les bancs ou sous le plancher, soit pour se mette à l’abri des accidens, soit pour n’en pas être témoin. Le vent découvrit beaucoup de maisons, et en emporta la couverture : il en abattit même un grand nombre, dispersa le blé des magasins et des granges, brisa ou enleva une infinité d’ustensiles et de meubles, enfin saccagea toute la contrée, et fit seul autant de désordre qu’en