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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/232

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tigue, et d’une légèreté qui n’attend pas le fouet du postillon. Celui-ci s’entretient pendant toute la route avec ces animaux, qui, sans parler, montrent autant d’intelligence que leurs guides.

Depuis Pétersbourg jusqu’au delà de Nijnovogorod, ce n’est qu’une grande plaine. À une journée de cette dernière ville, on passe le Volga à Kousmodeniansk, et l’on entre dans une forêt qui a trois cents lieues et plus de longueur ; mais ce ne sont que des pins et des bouleaux. Chappe se trouva dans ce bois à l’entrée de l’équinoxe du printemps, au milieu d’une neige épaisse de quatre pieds, et par un froid qui tenait le thermomètre à 18 degrés au-dessous de zéro. Cependant le froid et la neige augmentèrent tous les jours pour le voyageur français, à mesure qu’il avançait vers Tobolsk. Il arriva dans un hameau. Au bruit de la clochette de son train qui annonçait la poste royale, ou plutôt à la vue de l’uniforme de son guide, tous les gens du village se sauvèrent dans les bois. Le maître de poste n’avait que six chevaux ; on arrêta les traîneaux qui passaient ; les paysans s’enfuirent, laissant leurs chevaux. Le Français demanda pourquoi ; c’est que souvent, lui dit-on, les voyageurs disposent des chevaux, et maltraitent les hommes au lieu de les payer. Il offrit de l’eau-de-vie, il donna de l’argent ; aussitôt les fugitifs se disputèrent à qui le servirait, à qui le conduirait.