Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/239

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par le moyen des pompes que les chevaux font jouer. Des tuyaux de plomb, soutenus par des supports de bois, conduisent ces eaux jusqu’aux bâtimens où sont les chaudières.

On fait une cuisson en quarante-huit heures : elle produit cinquante sacs de sel, chacun de quatre poudes, qui font cent trente-deux livres de France. On consume par cuisson dix toises carrées de bois, qui coûtent trois roubles : chaque chaudière occupe six hommes, qui gagnent huit à treize sous, par jour, et cinq chevaux qui coûtent vingt sous par jour à nourrir. D’après l’énumération des frais, l’auteur fait monter la dépense de ces salines à 1600 roubles ou 8000 francs par an ; et le produit à 166,000 fr., en supposant que le sel vaut cinquante copeks par poude, c’est-à-dire environ dix-huit deniers la livre, et que chaque année rend plus de douze mille quintaux de sel. L’auteur s’étant informé pourquoi l’on augmentait pas le revenu de la couronne en multipliant les chaudières, on lui répondit que le bois commençait à manquer. Le froid, qui en fait consommer beaucoup, en reproduit peu. Ces deux effets du climat s’opposeront toujours au défrichement et à la population de la Sibérie.

Pour la chasse des ours, les Sibériens ont de petits chiens qui relancent l’animal. Dans son enceinte de neige durcie par la gelée, où il se fait un lit de glace, il serait trop fort ; on l’attire dans la neige molle et profonde, où, tandis qu’il s’occupe à s’en débarrasser, on le perce à