Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/378

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sage. Elles accouchent à genoux en présence de tous les habitans du bourg ou de l’ostrog, sans distinction d’âge, ni de sexe ; et cet état de douleur n’alarme guère la pudeur. Elles coupent le cordon ombilical avec un caillou tranchant, lient le nombril avec un fil d’ortie, et jettent l’arrière-faix aux chiens. Tous les assistans prennent l’enfant dans leurs mains, le baisent, le caressent, et se réjouissent avec le père et la mère. Les pères donnent à leurs enfans les noms de leurs parens morts ; et ces noms désignent ordinairement quelque qualité singulière, ou quelque circonstance relative, soit à l’homme qui le portait, soit à l’enfant qui le reçoit.

Une caisse de planches sert de berceau ; on y ménage sur le devant une espèce de gouttière, pour laisser écouler l’urine. Les mères portent leurs enfans sur le dos pour voyager ou travailler, sans jamais les emmailloter ni les bercer. Elles les allaitent trois ou quatre ans. Dès la seconde année, ils se traînent en rampant ; quelquefois ils vont jusqu’aux auges des chiens, dont ils mangent les restes.

Mais c’est un grand plaisir pour la famille quand l’enfant commence à grimper sur l’échelle de la cabane. On habille de bonne heure ces enfans à la samoïède. Ce vêtement, qui se passe par les pieds, est un habit où le bonnet, le caleçon et les bas sont attachés et cousus ensemble. On y ménage un trou par-derrière, pour satisfaire aux besoins pressans, et l’on ferme cette ouverture avec une pièce qui se relève.