Les parens aiment leurs enfans sans en attendre le même retour. Si l’on en croit Steller, les enfans grondent leurs pères, les accablent d’injures, et ne répondent aux témoignages de la tendresse paternelle que par l’indifférence. La vieillesse infirme est surtout dans le mépris. Au Kamtchatka, les parens n’ont point d’autorité, parce qu’ils n’ont rien à donner. Les enfans prennent ce qu’ils trouvent sans demander. Ils ne consultent pas même leurs parens quand ils veulent se marier. Le pouvoir d’un père et d’une mère sur leur fille se réduit à dire à son amant, touche-la, si tu peux.
Ces mots sont une espèce de défi, qui suppose ou donne de la bravoure. La fille recherchée est défendue, comme une place forte, par des camisoles, des caleçons, des filets, des courroies, des vêtemens si multipliés, qu’à peine peut-elle se remuer. Elle est gardée par des femmes qui ne suppléent que trop bien à l’usage qu’elle voudrait ou ne voudrait pas faire de ses bras ou de ses forces. Si l’amant la rencontre seule ou peu environnée, il se jette sur elle avec fureur, arrache et déchire les habits, les toiles et les liens dont elle est enveloppée, et se fait jour, s’il le peut, jusqu’à l’endroit où on lui a permis de la toucher. S’il y a porté la main, sa conquête est à lui ; dès le soir même il vient jouir de son triomphe, et le lendemain il emmène sa femme avec lui dans son habitation. Mais souvent ce n’est qu’après une suite d’assauts très-meurtriers ; et telle place coûte