sept ans de siége sans être emportée. Les filles et les femmes qui la défendent tombent sur l’assaillant à grands cris et à grands coups, lui arrachent les cheveux, lui égratignent le visage, et quelquefois le jettent du haut des balaganes. Le malheureux, estropié, meurtri, couvert de sang et de contusions, va se faire guérir avec le temps, et se remettre en état de recommencer ses assauts. Mais quand il est assez heureux pour arriver au terme de ses désirs, sa maîtresse a la bonne foi de l’avertir de sa victoire en criant, d’un ton de voix tendre et plaintif, ni, ni. C’est le signal d’une défaite, dont l’aveu coûte toujours moins à celle qui le fait qu’à celui qui l’obtient. Car, outre les combats qu’il lui faut risquer, il doit acheter la permission de les livrer au prix de travaux longs et pénibles. Pour toucher le cœur de sa maîtresse, il va dans l’habitation de celle qu’il recherche servir quelque temps toute la famille. Si ses services ne plaisent pas, ils sont entièrement perdus ou faiblement récompensés. S’il plaît aux parens de sa maîtresse qu’il a gagnée, il demande et on lui accorde la permission de la toucher.
Après cet acte de violence et d’hostilité, suivi du sceau le plus doux de réconciliation, qui fait l’essence du mariage, les nouveaux époux vont célébrer la fête ou le festin de leurs noces chez les parens de la fille. Voici le détail de cette cérémonie, d’après Kracheninnikov, qui fut témoin, en 1739, d’une noce au Kamtchatka.