« L’époux, dit-il, accompagné de sa femme et de ses parens, s’embarqua sur trois grands canots pour aller rendre visite à son beau-père. Les femmes, assises avec la mariée, portaient des provisions de bouche en abondance. Les hommes tout nus, et surtout le marié, conduisaient les canots avec des perches. À trois cent toises de l’habitation, on descendit à terre ; on fit des sortiléges et des conjurations en chantant. Ensuite on passa à la mariée, par-dessus ses habits, une camisole de peau de mouton, où étaient attachés des caleçons et quatre autres habits. Après cette cérémonie, on remonta dans les canots et l’on aborda près de la maison du beau-père. Un des jeunes garçons, député du village de la mariée, la conduisit depuis le canot jusqu’à l’yourte où devait se célébrer la fête. On l’y descendit par une courroie. Une vieille femme qui la précédait avait mis au pied de l’échelle une tête de poisson sec, sur laquelle on avait prononcé des paroles magiques à la première descente du canot. Cette tête fut foulée aux pieds par tous les gens du voyage, par les jeunes mariés, enfin par la vieille, qui la mit sur le foyer à côté du bois préparé pour chauffer l’yourte.
» On ôta à la mariée les habits superflus dont on l’avait surchargée, pour en faire présent à tous les parens qui pouvaient en rendre aux nouveaux mariés ; car ces sortes de dons sont rarement gratuits. L’époux chauffa l’yourte, prépara les provisions, et régala tous les con-