Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/383

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parmi nous de ne pas y trouver, les doux obstacles que la nature oppose à l’amour dans une vierge intacte.

Cependant les femmes kamtchadales ont aussi leur modestie ou leur timidité : quand elles sortent, c’est toujours le visage couvert d’un coqueluchon qui tient à leur robe : viennent-elles à rencontrer un homme dans un chemin étroit, elles lui tournent le dos pour le laisser passer sans être vues. Quand elles travaillent dans leurs yourtes, c’est derrière des rideaux ; et si elles n’en ont point, elles tournent la tête vers la muraille dès qu’il entre un étranger, et continuent leur ouvrage : mais ce sont, dit-on, les mœurs grossières de l’ancienne rusticité. Les Cosaques et les Russes policent insensiblement ces femmes sauvages, sans songer que ce sexe est plus dangereux, peut-être, apprivoisé que farouche.

Ce sont les occupations qui font les mœurs. Tous les peuples du Nord ont beaucoup de ressemblance entre eux ; les peuples chasseurs et pêcheurs encore davantage.

Au printemps, les hommes se tiennent à l’embouchure des rivières pour attraper au passage beaucoup de poissons qui retournent à la mer, ou bien ils vont dans les golfes et les baies prendre une espèce de morue qu’on appelle vachinia. Quelques-uns vont à la pêche des loutres de mer. En été l’on prend encore du poisson ; on le fait sécher et on le transporte aux habitations. En automne, on tue des oies, des