rarement dans ces symptômes de frénésie. Les Cosaques, moins instruits par l’expérience, y sont plus sujets. Kraeheninnikov en rapporte des exemples dont il a été témoin, ou qu’il tient de gens dignes de foi.
« Mon interprète, dit-il, ayant bu de la liqueur de ce champignon sans le savoir, devint si furieux, qu’il voulait s’ouvrir le ventre avec un couteau. Ce ne fut qu’avec bien de la peine qu’on lui retint le bras au moment qu’il allait se frapper.
» Le domestique d’un officier russe avait résolu d’étrangler son maître, persuadé, disait-il, par le mucho-more, qu’il ferait une belle action ; et il l’aurait exécutée, si ses camarades ne l’en eussent empêché.
» Un soldat ayant mangé un peu de mucho-more, avant de se mettre en route, fit une grande partie du chemin sans être fatigué. Enfin, après en avoir mangé encore jusqu’à être ivre, il se serra les testicules et mourut. »
Un Kamtchadale, dans cette ivresse, saisi de la peur de l’enfer, confessa tout haut ses péchés devant ses camarades, s’imaginant ne les dire qu’à Dieu.
Le mucho-more est d’autant plus redoutable pour les Kamtchadales, qu’il les pousse à tous les crimes, et les expose dès lors au supplice. Ils l’accusent de tout le mal qu’ils voient, qu’ils font, qu’ils disent, ou qu’ils éprouvent. Malgré ces suites funestes, on n’est pas moins avide de ce poison. Les Koriaks, qui n’en ont