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point chez eux, en font tant de cas, que, par économie ou pauvreté, s’ils voient quelqu’un qui en ait bu ou mangé, ils ont soin de recevoir son urine dans un vase, et la boivent pour s’enivrer à leur tour de cette liqueur enchanteresse. Quatre de ces champignons ne font point de mal ; mais dix suffisent pour troubler l’esprit et les sens. Aussi les femmes n’en usent jamais.

Leurs divertissemens sont la danse et le chant. Voici la description d’une de ces danses, dont Kracheninnikov fut témoin. « Deux femmes qui devaient danser ensemble étendirent une natte sur le plancher au milieu de l’yourte, et se mirent à genoux l’une vis-à-vis de l’autre. Elles commencèrent à hausser et baisser les épaules, et à remuer les mains en chantant fort bas et en mesure. Ensuite elles firent insensiblement des mouvemens de corps plus grands en haussant leur voix à proportion ; ce qu’elles ne cessèrent de faire que lorsqu’elles furent hors d’haleine, et que leurs forces furent épuisées. »

Les femmes ont encore une danse particulière : elles forment deux rangs les unes vis-à-vis des autres, et mettent leurs deux mains sur le ventre, puis, se levant sur le bout des doigts des pieds, elles se haussent, se baissent, et remuent les épaules en tenant leurs mains immobiles sans sortir de leur place.

Presque toutes les danses des sauvages sont pantomimes. Chez les Iroquois, elles respirent la guerre. Chez les Kamtchadales, il en est une