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quand les travaux de l’été et de l’automne sont finis. Steller en conjecture que, dans l’origine, elle avait été instituée par la reconnaissance. Mais ce n’est pas dans ce sentiment qu’il faut toujours chercher les premiers établissemens du culte religieux. Si les Kamtchadales n’ont qu’une fête dans l’année, c’est au loisir de la saison où elle se célèbre qu’il est naturel de la rapporter ; c’est aux circonstances du retour de ce peuple dans ses cabanes, après la dispersion qu’exigent la chasse et la pêche. S’il y mêle beaucoup de pratiques superstitieuses ; si le but même de son institution est une expiation religieuse, c’est que, le désir du bien et la crainte du mal accompagnant l’homme partout, il veut intéresser à sa conservation tous les êtres qu’il voit ou qu’il imagine. Il invoque les biens, il conjure les maux, soit en secret, soit en public. Dans une fête de sauvages, chacun porte ses craintes pour en faire un culte, comme ses provisions pour en faire un repas. Il s’y trouve des opinions communes, ainsi que des mets ; et chacun s’arrête à ce qui le touche davantage.

Dans la fête des purifications kamtchadales, on commence par balayer l’yourte. On en ôte ensuite les traîneaux, les harnais, et tout l’attirail qui déplaît aux génies qu’on veut évoquer. Un vieillard et trois femmes portent une natte qui renferme des provisions. On fait une espèce de hache avec de l’ioukola, qui est une pâte, et ces quatre personnages sacrés envoient