Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/408

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chacun un homme dans le bois, avec ses provisions et sa hache pour le voyage. Le tonchitche est une herbe mystérieuse qu’on porte à la main ou sur la tête, et qu’on met partout dans les cérémonies religieuses. Les hommes qui vont au bois couper du bouleau pour l’hiver, en ont sur la tête et sur leurs haches ; les femmes et les vieillards dans leurs mains. Celles-ci, après le départ des quatre bûcherons, jettent le reste de leurs provisions aux enfans, qui se battent pour se les arracher.

Ensuite les femmes pétrissent ou taillent de l’youkola en forme de baleine. On chauffe l’yourte ; et le vieillard apporte une barbue qu’il met dans un fossé creusé devant l’échelle de l’yourte. Il tourne trois fois sur la même place ; les hommes, les femmes et les enfans font la même chose après lui. Il fait cuire de la sarana pour régaler les mauvais génies. Chacun met ses idoles de bois, soit anciennes, soit neuves, dans le plafond au-dessus du foyer ; car le foyer et l’échelle sont des choses sacrées dans les yourtes.

Un vieillard apporte un gros tronc de bouleau, dont on fait la grande idole. On attache à celle-ci du matteït au cou, on lui offre du tonchitche, et on la met sur le foyer. C’est le grand dieu lare. Ensuite les enfans se placent auprès de l’échelle, pour attraper les idoles qu’on leur jette de dehors dans l’yourte ; puis un d’entre eux prend la grande idole, la traîne par le cou autour du foyer, et la remet à sa place avec ses