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compagnons, qui te suivent en criant alkhlalalai.

Les vieillards s’asseyent autour du foyer. Le principal, qui fait l’office de grand-pontife, prend une pelle de tonchitche, et dit au feu nouvellement allumé : « Koutkhou nous ordonne de t’offrir une victime chaque année. Sois-nous propice, défends-nous, préserve-nous des chagrins, des malheurs et des incendies. » Cette victime est l’herbe même qu’il jette au feu. Tous les vieillards alors se lèvent, frappent des pieds, battent des mains, et finissent par danser, en criant toujours alkhlalalai.

Pendant ces cris, les femmes et les filles sortent des coins de l’yourte, les mains levées, avec des regards terribles, des contorsions et des grimaces affreuses. Ces convulsions finissent par une danse accompagnée de cris et de mouvemens si furieux, qu’elles en tombent par terre, comme mortes, l’une après l’autre. Les hommes les remportent à leurs places, où elles restent étendues sans mouvement. Un vieillard vient prononcer sur elles quelques paroles qui les font crier et pleurer comme des possédées.

À la fin du jour, les quatre bûcherons reviennent avec tous les hommes qu’ils ont rencontrés, et portent un des plus gros bouleaux coupés à la racine. Ils frappent à l’entrée de l’yourte avec ce bouleau, battant des pieds et jetant de grands cris. Ceux qui sont dedans leur répondent avec le même bruit. Bientôt une fille s’élance en fureur, vole sur l’échelle,