la permission des czars, dont ils ont obtenu certains priviléges. Ils sont en général fort tranquilles, et vivent du commerce ; mais point de métiers parmi eux : ils regardent l’ivrognerie comme un vice honteux et déshonorant. Ceux d’entre eux qui boivent de l’eau-de-vie sont fort décriés dans la nation. Je n’eus point d’occasion de voir leurs cérémonies religieuses. Ils sont tous mahométans, et peuvent avoir autant de femmes qu’ils veulent ; mais, comme ils demeurent avec des chrétiens, ils en prennent rarement plus d’une.
» Les Tartares font leurs prières au lever et au coucher du soleil, ainsi que chaque fois qu’ils mangent. Je demandai un jour à un Tartare qui faisait son action de grâces après le repas pourquoi, à la fin de ses prières, il passait la main sur sa bouche. Il me répondit par cette autre question : Pourquoi joignez-vous les mains en priant ?
» Les Tartares ne changent pas aisément de religion : on en a cependant baptisé quelques-uns ; mais ces prosélytes sont fort méprisés dans leur nation. Ceux qui s’appellent les vrais croyans leur reprochent qu’ils ne changent de religion que par goût pour l’ivrognerie, ou pour se retirer de l’esclavage. Cette dernière raison paraît la plus vraisemblable.
» Le temps de notre départ approchait ; nous avions fait préparer deux doschtschennikes, où l’on avait réuni toutes les commodités possibles. Un doschtschennike est un bâtiment