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qu’on peut regarder comme une grande barque couverte : lorsqu’il est destiné à remonter les rivières, il a un gouvernail ; mais ceux qui les descendent ont, au lieu de gouvernail, une grande et longue poutre devant et derrière, comme les bâtimens du Volga. Dans chacun de ces bâtimens il y avait vingt-deux manœuvriers, tous Tartares : chacun était en outre muni de deux canons et d’un canonnier. Nous nous embarquâmes, et nous remontâmes l’Irtich.

» Au delà de l’embouchure du Tara, qui se jette dans l’Irtich, nous avions à la rive orientale la steppe ou le désert des Tartares Barabins ; et à l’occidentale, celui des Cosaques. Ainsi nous fîmes faire bonne garde : nous n’avions rien à craindre des premiers, qui sont soumis à l’empire russe ; mais le désert des Cosaques est très-dangereux ; car du bord de l’Irtich on peut arriver en trois jours jusqu’à la Casakhiahorda, horde de Cosaques ainsi nommée par les Russes, qui court de temps en temps ce désert, et qui s’est rendue redoutable. Ces Cosaques tuent ordinairement tous les hommes qu’ils rencontrent, et emmènent les femmes. Ils traitent les Tartares un peu plus doucement que les Russes ; ils les font marcher avec eux quelques pas, puis les dépouillent, les maltraitent, et les laissent aller ; autrefois ils se contentaient d’emmener les Russes en captivité ; j’en ai vu plusieurs qui en étaient sortis, et qui ne se lassent point de parler des cruautés qu’on leur avait fait souffrir.