Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/11

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autres esclaves de la nation. « Ceux qui voulaient contracter des aliances avec les Kamtchadales libres signaient des billets par lesquels ils leur promettaient d’épouser leurs filles dès que le prêtre serait arrivé ; de sorte que le baptême de la fille promise, celui de ses enfans, les fiançailles et le mariage, se faisaient souvent tout à la fois ; car il n’y avait pour tous ces ostrogs qu’un seul prêtre, qui demeurait au fort inférieur de Kamtchatkoi, et visitait les autres ostrogs tous les ans, ou tous les deux ans. » Cependant les Cosaques vivaient en seigneurs russes du travail de leurs esclaves, ou des tributs qu’ils en exigeaient. Quand ils allaient lever ceux de la couronne, le tributaire payait, indépendamment de la taxe du prince, quatre renards ou zibelines, l’une pour le receveur, l’autre pour son commis, une troisième peau pour l’interprète, et la quatrième pour les Cosaques. Ceux-ci passaient leur temps à jouer ces peaux dans les cabarets : ensuite ils jouèrent leurs esclaves, de sorte que ces malheureux changaient de maîtres vingt fois dans un jour. Cette oppression alla si loin, que les Kamtchadales résolurent enfin de secouer le joug et d’exterminer tous les Russes de la presqu’île. Mais depuis que la route était établie par la mer de Pengina, l’abord des bâtimens était devenu trop facile, et trop fréquent pour exécuter un pareil complot sans une occasion favorable. On attendit ce moment : il parut s’offrir. Les Tchouktchis, peuple voisin de