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l’Anadir, non contens de repousser la domination russe, étaient venus attaquer les Koriaks, ses tributaires. Il était aisé de chasser avec des troupes disciplinées des sauvages qui n’avaient que l’amour du butin et de l’indépendance. Mais ils reparaissaient toujours, aussi légers, aussi prompts que leurs flèches. On voulut les dompter par une guerre vive et soutenue. Le capitaine Pavlutski, venu au Kamtchatka en 1729, reçut ordre d’en partir avec ses troupes pour marcher vers l’Anadir. Tandis qu’il allait soumettre des rebelles, son départ en formait derrière lui. Les habitans de l’embouchure du Kamtchatka, ceux des deux rivières intérieures, qui sont, au centre du pays, l’Elova et la Klioutcheva, se répandirent dans la presqu’île durant l’hiver, faisant des complots sous le prétexte et l’apparence de visites. Il n’est pas difficile à des peuples conquis de se liguer contre des vainqueurs qui n’entendent pas leur langue. Dès que le bruit se fut répandu que Chestakov, chef des Cosaques, venu avec Pavlustski pour la grande expédition de 1729, avait été tué par les Tchouktchis, les Kamtchadales, feignant de craindre les incursions de ces rebelles, s’armèrent comme pour se défendre, mais dans l’intention secrète de se délivrer des Cosaques, qu’ils priaient cependant de rester avec eux. Toutes les précautions étaient prises par ces sauvages pour intercepter les communications avec l’Anadir. S’il revenait des troupes russes, soit de ce côté, soit par la mer de Pengina, elles