Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

devaient être reçues dans les ports avec des démonstrations de confiance, afin qu’on pût les massacrer quand elles traverseraient l’intérieur du pays. Deux chefs étaient à la tête de ce complot. Aussitôt que le dernier commissaire se fut embarqué avec ses tributs pour entrer dans l’Anadir, les Kamtchadales, assemblés sur leurs canots, remontèrent le Kamtchatka le 20 juillet 1731. Ils égorgèrent le peu de Cosaques qui étaient restés ; ils y surprirent l’ostrog inférieur ; ils brûlèrent tout, excepté l’église et les fortifications, où les effets du pillage furent mis en dépôt. Dès le lendemain ils se revêtirent des habits russes, soit de femmes ou de prêtres, et firent des festins, des danses et des cérémonies superstitieuses, en signe de réjouissances et de triomphe. Théodore Khartchin, l’un des deux chefs de la conspiration, nouveau chrétien, ordonna à un Kamtchadale qui savait lire, et qui avait été baptisé comme lui, de chanter le te Deum en habit sacerdotal. Ensuite il fit écrire sur le registre de l’église : Par ordre du commissaire Théodore Khartchin, on a donné à Savina (c’était le nom de l’officiant) trente renards ordinaires pour avoir chanté le te Deum.

Cependant un vent contraire avait obligé le vaisseau de Pavlutski à jeter l’ancre au sortir de l’embouchure du Kamtchatka. Quelques Cosaques échappés au carnage apportèrent la nouvelle de la révolte à leurs compagnons, qui mouillaient encore sur la côte. Aussitôt on