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descendit pour éteindre le feu du soulèvement, et, quatre jours après la prise du fort, on revint le battre en brèche avec quelques canons du vaisseau. Khartchin, qui du haut des remparts avait insulté les Russes, fut forcé de s’évader en habit de femme. Presque tous les assiégés périrent ; les uns furent tués dans le fort ; les autres, avec les richesses qu’ils y avaient amassées, furent brûlés par le feu qui prit au magasin à poudre. Trente Kamtchadales, qui s’étaient rendus avant l’assaut, furent massacrés et passés au fil de l’épée, en représaille des insultes, que les rebelles avaient faites aux femmes et aux enfans des Cosaques. C’est l’usage entre ces sortes de guerriers, qui ne possèdent encore parfaitement des arts de la société que celui de détruire, si naturel à l’homme civil ou sauvage.

Cependant Khartchin ayant rejoint plusieurs autres chefs de l’émeute générale, vint à la rencontre des Russes pour les forcer à se rembarquer. Après quelques combats peu décisifs, on fit des propositions. Khartchin demanda un otage pour sûreté de sa personne, et passa dans le camp des Cosaques. Il les pria d’épargner les Kamtchadales, promit de vivre en paix, et dit qu’il irait engager les siens à mettre bas les armes. On le laissa retourner dans son camp. Dès qu’il eut rejoint son parti il envoya dire aux Russes qu’on ne voulait pas entendre parler de paix. Le lendemain, il reparut avec les rebelles sur la rive gauche de la Klioutchi,