Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/15

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l’une des deux rivières où la révolte avait éclaté. Mais faisant mine de n’être venu que pour achever l’accommodement qu’il avait entamé, il dit qu’il passerait de l’autre côté, si l’on envoyait deux otages. On y consentit, et, dès qu’il fut à l’autre bord, les Russes, opposant la perfidie à la ruse, le retinrent prisonnier, et crièrent à leurs otages de se jeter dans la rivière. Pendant que ceux-ci la traversaient à la nage, on fit feu sur les Kamtchadales, pour les empêcher de tirer des flèches sur les transfuges.

Quand la révolte eut perdu celui qui l’entretenait, tous les autres chefs de peuplades se dissipèrent, ou périrent avec leurs partisans. L’un de ces principaux mutins, près de tomber entre les mains du vainqueur, égorgea sa femme et ses enfans, puis se tua lui-même. Bientôt on vit le carnage recommencer sous le fer et le feu des Russes. Un détachement qui marchait le long de la mer de Pengina, passant tout au fil de l’épée, joignit les Cosaques du fort supérieur de Kamtchatkoi, et ces deux corps réunis s’avancèrent contre les rebelles d’Avatcha, qui étaient au nombre de plus de trois cents. « Ils emportèrent d’assaut les forts ou les révoltés s’étaient retranchés, et les massacrèrent, confondant les innocens avec les coupables, et emmenant leurs femmes et leurs enfans prisonniers. Après avoir fait couler beaucoup de sang, et détruit un grand nombre de ces peuples, ils rétablirent la tranquil-