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lité, et revinrent chargés d’un immense butin. »

Quand le feu de la révolte fut assoupi, Basile Merlin, officier russe, et le major Pavlutski, eurent ordre d’en rechercher les causes pour l’éteindre dans sa source. En vertu de leur commission, ils firent mourir, par les voies juridiques, trois Russes, parmi lesquels était cet André Chtinnikov, qui avait inhumainement fait massacrer les malheureux Japonais. Plusieurs Cosaques furent punis des vexations qui avaient soulevé les Kamtchadales. Les plus coupables d’entre les rebelles, entre autres Théodore Khartchin, subirent la mort. La plupart s’y présentèrent avec cette indifférence qui caractérise tous les peuples sauvages, pour qui la vie n’est rien sans la liberté. Un d’entre eux disait en riant qu’il se trouvait malheureux d’être pendu le dernier. « Ils témoignaient une égale fermeté au milieu des supplices et des tortures les plus affreuses de la question. Quelque cruels que fussent les tourmens qu’on leur fit souffrir, ils ne laisaient échapper que ces mots, ni, ni. » C’est le cri des filles kamtchadales que l’amour livre pour la première fois aux douces atteintes de la volupté. Encore ces malheureux, dit-on, ne criaient-ils ainsi qu’au premier coup ; « car, serrant ensuite leur langue contre les dents, ils gardaient un silence obstiné, comme s’ils eussent été privés de tout sentiment. »

Depuis cette époque, la paix a régné dans le Kamtchatka. La douceur du gouvernement