Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/17

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y a rétabli la tranquillité que la force des armes et la dureté des tributs en avaient bannie. On n’exige plus de chaque habitant qu’une peau des animaux qu’il tue à la chasse, soit renard, loutre de mer ou zibeline. Les Kamtchadales sont gouvernés par leurs propres chefs, qui jugent de toutes les affaires, si ce n’est en matière criminelle. On a rendu la liberté à tous les prisonniers que les Cosaques avaient faits esclaves, avec défense de traiter jamais les Kamtchadales comme tels. Enfin, pour mieux asservir ce peuple par un joug plus doux et plus volontaire, on a tâché de leur faire embrasser le christianisme. Les moyens humains ont secondé les voies du ciel. L’impératrice Élisabeth Pétrovna a exempté d’impôts pour dix ans tous les nouveaux baptisés. Cette faveur a fait prospérer le zèle des missionnaires. Tous les Kamtchadales courent au-devant d’une religion qui, les soulageant d’un tribut dès cette vie, leur promet des récompenses après la mort. C’est le vrai miracle de la religion de rendre les princes humains et les peuples heureux.

L’ouvrage de la conversion des Kamtchadales est soutenu par tous les établissemens d’une sage politique. Les forts et les temples se sont réciproquement appuyés dans tous les lieux où les temples n’ont pas été des citadelles. La Russie s’est assurée le Kamtchatka par cinq ostrogs ou forts ; il y en a deux sur chaque côté des deux mers, un au centre des terres,