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tous jetés sur les bords de quelque rivière navigable qui communique à la mer.

Le dénombrement des Kamtchadales monte à deux mille sept cent seize tributaires. Le total des taxes produit, chaque année, trente-quatre peaux de loutres de mer, sept cents zibelines, dix-neuf cent soixante-deux renards. On estime ces tributs à dix mille roubles au Kamtchatka. Ils en valent vingt mille à Iakoutsk Ainsi, chaque Kamtchadale vaudrait à la Russie près de sept roubles, ou trente-cinq livres tournois.

Les Kamtchadales n’avaient jamais connu de négoce entre eux, ni même avec leurs voisins, quand les Russes vinrent leur apporter le commerce avec la guerre. C’est l’usage des Européens envers les sauvages depuis plus de deux siècles. Dès le commencement de la conquête du Kamtchatka, quelques marchands suivirent les collecteurs des taxes, mais, en qualité de soldats, obligés de faire le service militaire avec les Cosaques, pour avoir la liberté de trafiquer. Ces soldats revendeurs, qui restèrent dans le pays, n’y jouirent pas même des priviléges et de la franchise des Cosaques, dont ils remplissaient les fonctions, et furent soumis à la capitation comme les habitans.

Quand la route maritime d’Okhotsk fut ouverte, les vrais négocians envoyèrent des facteurs et des commis au Kamtchatka pour faire quelque fortune dans cette nouvelle co-