Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/19

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lonie. La facilité du voyage attira beaucoup de monde ; et, dès qu’on put s’embarquer sur des vaisseaux russes qui allaient droit aux ports de cette presqu’île, les marchands se firent matelots comme ils s’étaient faits soldats, dans l’espérance de s’enrichir. Ils réussirent si bien, qu’un homme débarqué, pour ainsi dire, sans pacotille, acquit dans l’espace de six à sept ans un fonds de commerce de quinze mille roubles. Ces facteurs s’établirent au Kamtchatka, pour ne pas retourner chez les négocians qui les avaient envoyés. Mais la métropole, voulant favoriser sans doute les grandes entreprises aux dépens de la liberté, dans un gouvernement où ce nom même est un attentat contre le despotisme, les obligea de revenir dans leur patrie ; et le commerce ne prit qu’une forme plus étendue et plus régulière. Tels furent ses progrès, qu’en peu de temps les officiers et les soldats y payèrent tout argent comptant ; au lieu que, dans le commencement, il fallait faire de longs crédits. Il est vrai que c’était toujours, au profit du marchand, qui, prenant en retour de ces marchandises fort chères des pelleteries à bas prix, gagnait doublement, et sur les denrées de Russie, qu’il revendait au Kamtchatka, et sur les peaux du Kamtchatka, qu’il revendait en Russie. Ce commerce rendit encore davantage par les échanges qui se faisaient des marchandises du Kamtchatka pour celles de la Chine. Celles-ci, revendues le quadruple de leur prix, valent au négociant un fonds de