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pelleteries qu’il revend encore au quadruple ; mais, si ce profit est immense, il est court : un marchand ne peut rester plus d’un an au Kamtchatka sans risquer une perte considérable.

L’avantage du gain fait qu’on vend à son arrivée tout ce qu’on a, jusqu’à ses habits mêmes. Mais par la raison qu’on a vendu si cher, il faudrait racheter au double tout ce dont on aurait besoin l’année suivante, d’autant plus que le vendeur, devenant acheteur de sa propre marchandise, en augmenterait le prix par sa concurrence. D’ailleurs les fourrures gardées perdent de leur couleur, qui en fait la beauté ; dès lors la valeur en diminue : ces marchandises, en restant dans les magasins, ne rapportent point d’intérêt. Cependant l’acquéreur consomme sans gagner, vit et se loge fort mal à beaucoup de frais, essuie toutes les incommodités d’un climat étranger et malsain, altère enfin sa fortune et sa santé.

Les marchandises qu’on apporte au Kamtchatka viennent de la Russie, ou de l’Europe, de la Sibérie, de la Boukharie et de la Chine. La Russie y envoie des draps communs de toutes couleurs, des chaussures qui se font à Casan ou à Tobolsk, des mouchoirs de soie et de coton, un peu de vin, du sucre, quelques ouvrages d’argent, des galons, sans doute pour les habitans étrangers ; des miroirs, des peignes, de fausses perles et des grains de verre pour les gens du pays. « On y porte de