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La farine de seigle, dont la mesure a coûté vingt-cinq copeks, se vend depuis quatre roubles jusqu’à huit. Le suif, qui coûte neuf francs le poude de quarante livres, se vend de quatre à cinq roubles ; et le beurre à six francs le poude est vendu six ou huit roubles. Les peaux de rennes préparées ne gagnent que deux tiers au-dessus du prix de l’achat, et les jeunes peaux avec le poil, qui n’ont coûté qu’un rouble, en valent jusqu’à douze.

Enfin on importe au Kamtchatka pour dix mille roubles de marchandises, qui rapportent trente ou quarante mille roubles ; et celles qu’on exporte de ce pays à Kiakta, sur les frontières de la Chine, rendent au moins le double de ce prix. Autrefois tous les marchés, se faisaient en fourrures, et la peau de renard, qu’on évaluait un rouble, était la mesure commune de toutes les autres pelleteries. Ainsi le Kamtchadale achetait un renard de tabac, ou de farine, ou de beurre ; c’est-à-dire qu’il donnait en pelleteries un prix équivalent à tant de peaux de renard pour avoir un tel poids de farine. Pour une livre de tabac que donnait un Russe, il fallait lui livrer un renard quatre cinquièmes, c’est-à-dire une marchandise équivalente à ce prix, qui est neuf francs. Le renard, ou la peau de renard, était donc une monnaie de compte purement factice et nominale, qui, dans l’origine, ayant représenté physiquement les autres valeurs ou marchandises, était devenue un signe idéal de convention. D’abord la peau de renard acheta