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tout, jusqu’à l’argent même ; aujourd’hui l’argent achète le renard. Ainsi, comme le renard représentait un rouble en argent, ou cette valeur en marchandises, et qu’aujourd’hui il n’a conservé de sa représentation que le nom et l’idée, on ne devrait pas être surpris de voir un Kamtchadale vendre pour un renard, ou pour deux renards, une peau de renard, c’est-à-dire vendre des peaux de renard pour la valeur d’un rouble ou de deux roubles, valeur exprimée par le mot d’un renard ou de deux renards. Mais aujourd’hui les Kamtchadales mêmes achètent et vendent à prix d’argent.

Les marchandises qui sortent du Kamtchatka paient à la douane d’Okhotsk un droit de dix pour cent, et de douze, quand ce sont des zibelines. Mais un revenu plus considérable que la couronne de Russie tire de cette colonie, c’est celui qui vient de l’eau-de-vie, dont il se fait une consommation qui produit au fisc trois ou quatre mille roubles.

Il fallait que la soif du gain, ou la fureur des conquêtes fût bien ardente pour faire courir au Kamtchatka par des routes où l’on avait à combattre non-seulement des peuples indomptables et féroces, mais le froid et la faim, quelquefois plus cruels que les hommes. Tels étaient pourtant les ennemis qu’allaient braver les collecteurs des taxes du Kamtchatka pour la couronne de Russie. Ces Cosaques ne voyageaient que dans l’hiver, sans autres provisions que celles qu’ils portaient sur leurs petits traîneaux.