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et souvent davantage, quoiqu’il n’y ait peut-être guère plus de deux cents lieues en droiture d’un port à l’autre.

Ainsi la route la plus sûre et la plus fréquentée est celle dont Kracheninnikov nous donne l’itinéraire dans le journal d’un voyage qu’il a fait lui-même d’Iakoutsk au Kamtchatka.

D’Iakoutsk on descend le Léna l’espace de dix verstes, et l’on s’arrête à Iarmanka, vis-à-vis l’île aux Ours. Iarmanka, qui signifie foire, est un lieu qui, sans être habité, sert de rendez-vous aux gens qui vont à Okhotsk. On y reste quelques jours pour les préparatifs de ce voyage ; on y arrange les ballots de façon que, pesant chacun deux poudes et demi, la charge d’un cheval soit de cinq poudes.

D’Iarmanka, le voyageur russe arriva à Okhotsk en trente-quatre jours de marche ; mais la description de sa route est si confuse et si embarrassée, qu’il y a peu de lecteurs qui eussent la patience de l’y suivre.

« On peut dire de cette route (c’est lui-même qui parle) qu’elle n’est pas mauvaise depuis Iakhoutsk jusqu’au passage de la Bélaia ; mais de là jusqu’à Okhotsk, elle est aussi incommode et aussi difficile qu’il soit possible de se l’imaginer, car il faut côtoyer continuellement des rivières, ou passer à travers des montagnes couvertes de bois. Les bords des rivières sont remplis d’une si grande quantité de grosses pierres et de cailloux roulés, qu’il est surprenant que les chevaux puissent marcher dessus ; beaucoup s’y