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pétueuses, qu’elles passaient par-dessus le vaisseau, qui, très-mauvais d’ailleurs, craquait de toutes parts. La rapidité du reflux et le vent contraire ne laissaient plus d’espérance d’entrer dans la rivière. Plusieurs étaient d’avis de regagner la mer et d’attendre le flux. Si l’on avait suivi ce conseil, nous étions perdus sans ressource ; car ce vent impétueux du nord continua d’être si violent pendant plus d’une semaine, qu’il nous aurait emportés en pleine mer, où notre vaisseau aurait infailliblement péri. Mais, par bonheur pour nous, on se détermina à suivre l’avis de ceux qui soutinrent qu’il valait mieux nous faire échouer sur la côte ; ce que nous fîmes environ à cent brasses au sud de l’embouchure de la rivière. Notre bâtiment fut bientôt à sec ; car le reflux durait encore.

« Sur le soir, lorsque le reflux revint, nous coupâmes le mât. Le lendemain, nous ne trouvâmes plus que des planches des débris de notre vaisseau ; le reste fut emporté par la mer. Nous vîmes alors tout le danger que nous avions couru, car toutes les planches du vaisseau étaient si noires et si pouries, qu’elles se rompaient aisément sous la main.

» Nous restâmes sur la côte, dans des balaganes et des cahutes, jusqu’au 21 de ce mois, attendant les canots qu’on devait nous envoyer de l’ostrog. Pendant le temps de notre séjour il y eut un tremblement de terre presque continuel ; mais, comme il était très-faible,