Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/31

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nous attribuâmes le mouvement que nous sentions, et la difficulté avec laquelle nous marchions, à notre faiblesse, et à la violente agitation que nous venions d’essuyer sur la mer. Nous ne fûmes pas long-temps à reconnaître notre erreur ; car quelques Kouriles, qui vinrent dans l’endroit où nous étions, nous dirent que ce tremblement de terre avait été très-violent, et que les eaux de la mer s’étaient élevées très-haut. Enfin nous partîmes de cet endroit le 21 octobre, et le lendemain nous arrivâmes, sur le soir, à Boltchereskoi Ostrog. »

Il résulte de ce récit, qu’en dix jours, par un temps calme, avec un vaisseau délabré, l’on a fait autant de chemin sur mer qu’on en avait fait dans un mois par terre avec la belle saison et sans contre-temps. Mais ce qui prouve combien la navigation a d’avantage sur toutes les autres manières de voyager, c’est le retour du Kamtchatka à Iacoutsk. Le trajet maritime est très-court, quand il se fait dans les longs jours d’été. La mer n’est point orageuse ; on n’y craint que les calmes. Mais, en supposant que le temps soit le même pour la traversée, soit du continent, soit de la presqu’île, on gagne toujours beaucoup en retournant d’Okhotsk à Iakoutsk. On peut aller, par eau, du port de mer jusqu’à la rivière Aldan, en gagnant l’Ioudoma, qui se jette dans le Maïou. Le chemin le plus difficile est jusqu’à la croix d’Ioudoma. Kracheninnikov fut sept jours pour aller du port d’Okhotsk à Ioudomskoi-