Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plent les îles, quand ils y sont chassés par la guerre ou jetés par les tempêtes. Ces différentes causes doivent avoir établi une réciprocité d’origine et de population entre les Kouriles et le Kamtchatka. Le trajet qui sépare le cap de la péninsule d’avec l’île de Choumtchou n’est que de quinze verstes, que l’on fait en trois heures, mais dans un temps calme et vers la fin de la marée ; car, durant le flux, la mer est si houleuse entre le cap et l’île, que les flots, élevés de vingt à trente sagènes, ne permettent pas aux canots d’aller d’un rivage à l’autre. Les Cosaques appellent ces vagues sowem, les Kouriles kogathe, c’est-à-dire, chaîne de montagnes ; quelquefois kamoui, divinité. Aussi leur jette-t-on, en passant, des idoles de bois pour calmer leur courroux, ou plutôt pour diminuer la crainte du danger. Les sauvages et leurs dieux ont cela de commode, que la malice des uns et la frayeur des autres s’apaisent comme elles s’irritent de rien.

La seconde île est Paramousir, cinq fois plus grande que la première. Le détroit qui l’en sépare n’est que de deux verstes, mais semé de rochers et bordé de côtes escarpées. Les habitans de cette île sont, dit-on, de vrais Kouriles ; ils ont leurs habitations sur la pointe du sud-ouest, aux bords d’un lac qui a cinq verstes de circuit. Ces deux premières îles sont sujettes à des tremblemens de terre et à des inondations. La mer y apporte de l’Amérique et du Japon différentes espèces d’arbres, parmi les-