Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quels sont les débris des camphriers. On m’en a donné de grands morceaux, dit Kracheninnikov.

À l’ouest de Paramousir est une île déserte, désignée sur la carte sous le nom d’Anfinogen, mais que les Kouriles appellent Ouia-Koujath, qui veut dire rocher escarpé. Ce n’est qu’une montagne ronde, qui paraît, dit-on, exhaler de la fumée ; on y va des Kouriles et du Kamtchatka chasser ou pêcher les phoques et les otaries, qui s’y plaisent. Les peuples d’alentour font une histoire poétique de cette montagne. « Elle était autrefois, disent-ils, au milieu du grand lac Kourile, qui est sur la pointe du Kamtchatka ; mais comme son sommet dérobait la lumière aux montagnes voisines, elles lui firent la guerre, et l’obligèrent de chercher un asile à l’écart dans la mer. Ce fut à regret qu’elle quitta le lac, et pour monument de sa tendresse, elle y laissa son cœur. C’est un rocher qui est encore dans le lac Kourile, et qu’on appelle Outchitchi, qui signifie cœur de rocher. Mais le lac, la payant de retour, courut après elle quand elle se leva de sa place, et il se fraya vers la mer un chemin qui est aujourd’hui le lit de la rivière Ozernaia. » Les jeunes gens, dit-on, rient de cette fable, et les vieilles femmes la racontent comme une vérité. C’est du moins un reste de ce style allégorique répandu depuis bien des siècles par toute la terre, sur les catastrophes et les révolutions physiques que le globe a éprouvées. Tous les peuples sauvages