Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

table de ces îles. On supposait aussi que la Terre de la Compagnie était la même que celle qui fut découverte par Jean de Gama, capitaine portugais, et l’on doutait si c’était un continent ou une île. On sait aujourd’hui que tous ces noms doivent disparaître de dessus les cartes. »

On juge, par la situation des îles Kouriles, que leurs habitans devraient participer également de la figure et des mœurs des Japonais et des Kamtchadales, qu’elles séparent. Mais la différence prodigieuse que la police et les arts ont mise entre un empire riche et peuplé, tel que celui du Japon, et des îles qui sont ou désertes, ou mal habitées, fait que les insulaires des Kouriles doivent beaucoup plus ressembler aux sauvages du Kamtchatka qu’au peuple fier et industrieux du Japon. Si l’on croit que la proximité puisse avoir la même influence pour le bien que pour le mal, il suffit, pour se détromper de cette prétention, de jeter un coup d’œil sur la Corse, qui, environnée de deux nations depuis long-temps éclairées et policées, a conservé sa férocité, sa paresse, son ignorance naturelle, et paraît encore plus loin de l’Italie, pour les arts et les lois, que les pirates africains ne le sont de l’Europe pour l’industrie et les lumières. Des îles pauvres, incultes, et d’un abord difficile, d’un séjour désagréable et peu sûr, n’attirent point un peuple commerçant, qui, pourrait les défricher et les cultiver. Des sauvages sans arts et sans connaissances