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n’abordent guère chez une nation policée, dont les mœurs et le caractère repoussent encore plus l’homme grossier que celui-ci ne rebute l’homme civilisé. On ne s’étonnera donc pas de trouver beaucoup de rapports entre les Kamtchadales et les peuples kouriles.

Ceux-ci sont pourtant mieux faits, d’une taille et d’une figure plus avantageuses. Tout ce qu’ils ont de sauvage, ils le tiennent des Kamtchadales ou des Tongouses errans du continent, comme un visage basané, l’usage de se noircir les lèvres, de se peindre des figures sur les bras jusqu’aux coudes, de se faire des habits composés de peaux de bêtes et d’oiseaux de différentes espèces, assortis de poils et de plumes de toutes les couleurs. Tout ce qu’ils ont d’artificiel, ils le tiennent des Japonais, comme la coutume d’avoir les cheveux ras par-devant jusqu’au sommet de la tête et pendans par-derrière ; de porter aux oreilles des anneaux d’argent. Souvent ils mêlent les deux goûts et l’habillement sauvage aux étoffes du luxe. Curieux des brillantes couleurs, mais peu jaloux de la propreté, un Kourile habillé d’écarlate portera sur ses épaules un phoque dégouttant de graisse et de sang. Un Kourile, dit Steller, ayant trouvé un corset de soie, mit cet habillement, et se promena gravement devant les Cosaques, qui se moquaient de lui. Quel était le plus stupide, ou le sauvage qui pensait que les femmes et les hommes étaient partout habillés également comme dans son île, ou le