Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un commerce à ouvrir entre les Russes et les Indes, et de faire communiquer l’équateur avec le cercle polaire. En 1728, on leva la carte des côtes septentrionales du Kamtchatka, d’où l’on s’éloigna jusqu’au 67e. degré 17 minutes de latitude : car il est plus aisé de faire des voyages que des établissemens. En 1729, un capitaine russe et un chef de Cosaques allèrent avec des troupes au Kamtchatka, par ordre de la cour, afin d’en reconnaître les côtes, soit au nord, soit au midi ; de soumettre de gré ou de force tous les Koriaks qui ne seraient pas tributaires ; de planter des colonies et de bâtir des ostrogs ; de cimenter un commerce avec les nations circonvoisines : mais ces ordres ne purent s’exécuter qu’en partie. Ce fut beaucoup d’avoir levé le plan des côtes méridionales jusqu’aux frontières de la Chine. Ainsi le Kamtchatka, ce pays sauvage, peut devenir un jour le chemin d’un grand commerce. Qui sait même si cette péninsule n’aura pas des liaisons avec celles de l’Inde ! Les îles du Japon semblent placées entre ces deux régions pour faciliter cette nouvelle route du commerce de l’Asie avec l’Europe, plus courte et moins dangereuse peut-être que l’ancienne. Tout enhardit à cette espérance, et le hasard même en a jeté les germes.

En effet, dès l’an 1730, un vaisseau japonais vint échouer sur la pointe du Kamtchatka. Ce navire, chargé de riz, d’étoffes de soie, de toiles de coton, qu’il portait d’une province du Japon à une autre, fut poussé en pleine