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mer par une tempête de huit jours. Après avoir été le jouet des vents, et sans doute de l’ignorance des pilotes pendant six mois, après avoir jeté ses marchandises, ses agrès, ses mâts, ses ancres, dans la mer, il fut porté par les courans à Kourils-Kaia-Lopatka. L’équipage composé de dix-sept hommes, voulut descendre à terre, et camper sous une tente avec ce qu’il put sauver des restes et des débris du vaisseau. Au bout de vingt-trois jours ils aperçurent un officier cosaque avec des Kamtchadales. Ravis de revoir des hommes, ils leur firent des présens. Mais le perfide Cosaque s’étant dérobé la nuit avec ses gens, les Japonais, à qui la tempête avait enlevé leur vaisseau, se mirent dans un esquif, pour-fe chercher sur la côte, ou pour aborder à quelque habitation. Ils trouvèrent Chtinnikov (c’était le nom du Cosaque), qui dépeçait la carcasse de leur navire pour en avoir le fer. Ce barbare envoya aussitôt ses Kamtchadales dans un canot à l’esquif des Japonais ; et, dans le temps que ceux-ci leur tendaient des mains suppliantes pour demander du secours et la vie, ils les assassinèrent avec les mêmes armes dont ces malheureux leur avaient fait présent. On ne garda que deux de ces étrangers : l’un était un enfant 4e onze ans. Chtinnikov s’empara de tout ce qui était dans l’esquif, brûla le vaisseau, et se retira dans le fort supérieur de Kamtchatkoi, avec son butin et ses deux prisonniers. Mais un commissaire arrivé peu de